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L’expertise, au service de l’art

10 Jul 2025

Formée à l’histoire de l’art et forte d’expérience de plusieurs années au sein de galeries d’art et chez les assureurs spécialisés, Mélodie Dussud-Jantzen a rejoint Manderley en mars 2023 ou elle exerce en tant qu’expert Risques Spéciaux. Passionnée par l’art et son métier, elle explique le rôle de l’expert confronté à une œuvre d’art sinistrée qui consiste à assurer la sauvegarde de cette œuvre en trouvant un équilibre entre restauration, valorisation et indemnisation.👇

Sauvegarder l’œuvre d’art tout en conciliant restauration et valorisation

Lorsqu’un sinistre frappe une œuvre d’art, l’émotion est forte. Incendie, dégât des eaux, manipulation maladroite, acte de vandalisme… autant d’épreuves qui mettent en péril des créations uniques. Dans ces moments critiques, le rôle de l’expert est d’assurer la sauvegarde de l’œuvre tout en trouvant un équilibre entre restauration, valorisation et indemnisation.

L’expertise, un travail en concertation

Avant toute intervention, l’expert étudie l’état de l’œuvre en concertation avec l’artiste, si celui-ci est vivant, ou avec son propriétaire, qu’il s’agisse d’un collectionneur, d’un musée ou d’une institution. L’objectif ? Trouver la meilleure stratégie pour restaurer sans dénaturer. Chaque œuvre est unique, et chaque restauration l’est tout autant.

Nous devons considérer des aspects techniques (matériaux, techniques de l’artiste), mais aussi respecter la volonté de l’artiste. Une restauration trop visible pourrait nuire à l’intégrité de l’œuvre, tandis qu’une intervention mal réalisée pourrait entraîner une perte irréversible de sa valeur.

De grands exemples en France illustrent cette approche. Pensons à la restauration de « La Dame à la Licorne » au Musée de Cluny : cette série de tapisseries du XVe siècle, délicatement nettoyée et restaurée, a retrouvé toute la richesse de ses teintes et de ses motifs. Un autre exemple emblématique est celui de « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix, restaurée après avoir été vandalisée au Louvre-Lens en 2013.

La restauration, une négociation permanente

L’assureur, quant à lui, a tout intérêt à favoriser la restauration. Une œuvre sauvegardée garde une valeur, même si elle est dépréciée, tandis qu’une œuvre non restaurable entraîne une indemnisation plus élevée. L’expert joue ainsi un rôle d’intermédiaire entre les parties prenantes pour concilier sauvegarde du patrimoine et enjeux financiers.

Nous avons pu constater, au fil de nos missions, que chaque dossier a donné lieu à une restauration satisfaisante et peu dépréciante.

La restauration sur la célèbre peinture de Gustave Courbet « L’Atelier du peintre » après son déplacement du Musée d’Orsay au Louvre Abu Dhabi, illustre bien cette rigueur et ce savoir-faire. Celle-ci se déroula en public, dans un espace vitré qui isolait les restaurateurs tout en permettant aux visiteurs de suivre les interventions.

La dépréciation post-restauration

La restauration, même réussie, ne rétablit pas toujours la valeur initiale d’une œuvre. On parle alors de dépréciation, calculée en fonction de l’impact visuel de la restauration et de son effet sur l’œuvre d’origine. Certains collectionneurs peuvent être réticents à acheter une œuvre restaurée, tandis que d’autres accepteront un passé marqué, surtout si la restauration est effectuée dans les règles de l’art.

Quand la restauration tourne au fiasco

Malheureusement, toutes les restaurations ne sont pas des succès. L’histoire regorge d’exemples où l’intervention d’un « restaurateur » mal inspiré a fait plus de mal que de bien. Comment oublier le célèbre « Ecce Homo », restauré par une paroissienne espagnole avec une technique digne d’un coloriage enfantin ? Cette maladresse a irrémédiablement endommagé un chef-d’œuvre du XIXe siècle, en en faisant un symbole de ce qui est considéré comme l’une des pires restaurations connues dans l’histoire de l’art.

Si cet exemple fait sourire, il souligne aussi l’importance de recourir à des experts qualifiés. Une restauration mal conduite peut altérer irrémédiablement l’authenticité et la valeur d’une œuvre. En France, la restauration des peintures de la cathédrale de Soissons a fait débat : certains détails ont été modifiés, soulevant des interrogations sur le respect de l’œuvre d’origine.

Conclusion

L’expert en restauration d’œuvres sinistrées se situe à la croisée des chemins entre la conservation du patrimoine et les réalités économiques. En travaillant en dialogue avec les artistes, collectionneurs et assureurs, il veille à ce que chaque restauration respecte l’âme de l’œuvre tout en préservant au mieux sa valeur. Parce qu’en art comme en assurance, préserver vaut toujours mieux que détruire !

Mélodie Dussud-Jantzen
Expert Risques Spéciaux, Manderley, Clichy

Expertise au service de l'art, citation de Mélodie Dussud-Jantzen

Visuels de gauche à droite :

  • La restauration de « La Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix.
  • La restauration de « L’Atelier du peintre » de Gustave Courbet.

Bio express de Mélodie Dussud-Jantzen

  • Formation : bi-licence droit/histoire de l’art, Master II Marché de l’art (Paris I Panthéon Sorbonne)
  • Expérience : Etude Tajan, Galerie Michel Rein, Hiscox (Département art et clientèle privée)
  • Entrée dans le Groupe : mars 2023
  • Spécialité : Fine Art
  • A titre personnel, goût prononcé pour :  l’art du XXème siècle et l’art contemporain

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